Un sujet dont on ne parle pas beaucoup mais qui impacte tous les hommes tôt ou tard dans leur vie, c’est la diminution de la production de testostérone ou andropause ou DALA (le Déficit Androgénique Lié à l’Âge) comme on l’appelle parfois.
Comme les femmes pendant la ménopause, les hommes ont aussi une période dans leur vie pendant laquelle les taux de testostérone libres commencent à diminuer, provoquant des symptômes divers et variés. Même si les changements hormonaux chez les hommes ne sont pas aussi radicaux que chez la femme, les symptomes et les effets sur la santé physique et psychologique sont souvent aussi difficiles. Ce changement hormonal intervient de plus souvent à un âge où la plupart des hommes sont en plein milieu de leur carrière, ont une vie familiale intense et même parfois des parents âgés qui représente une responsabilité supplémentaire à gérer. La crise de la quarantaine n’est donc pas évidente à passer….
Les bases
L’hormone sexuelle clé chez les hommes est la testostérone : elle donne aux hommes les caractères masculins de la même façon que l’oestrogène donne les aspects féminins chez la femme. La testostérone aide aussi à renforcer les os, la vitalité (l’énergie), la santé cardiovasculaire et l’humeur de la même façon que l’oestrogène le fait pour les femmes. La testostérone est essentiellement produite par les gonades et plus particulièrement par les cellules de Leydig situées dans les testicules, et en moindre quantité par la glande surrénale, le tout étant contrôlé par la tour de contrôle appelée hypophyse. La plupart de la testostérone circule sous forme liée à une protéine (la globuline) liant les hormones sexuelles (SHBG) ou faiblement liée à l’albumine. Une petite quantité circule sous forme libre qui est la testostérone métaboliquement active.
En vieillissant les niveaux de testostérone commencent petit à petit à baisser chez les hommes d’environ 2% par an et vu le nombre de fonction de la testostérone dans le corps, cette baisse a de nombreuses conséquences physiologiques et psychologiques telles qu’une diminution de l’énergie, une prise de poids et surtout abdominale, une perte de mémoire, la tristesse et l’irritabilité, une diminution de l’endurance physique et une diminution de la libido.
Les causes
Même si cette diminution est naturelle, et très lié à l’âge, il existe certaines causes majeures à cette diminution :
La conversion excessive de testostérone en oestrogène :
De la même façon que les femmes ont besoin de testostérone pour être en bonne santé, les hommes ont également besoin d’une certaine quantité d’oestrogène. L’oestrogène chez l’homme joue un rôle clé dans plusieurs fonctions comme la santé cardiovasculaire, le développement cérébral, la libido et la qualité du sperme. L’oestrogène est synthétisé ou converti par l’enzyme aromatase à base des hormones androgènes et notamment la testostérone. Le problème intervient quand cette conversion est excessive au détriment du taux de testostérone. L’enzyme aromatase est entre autres stimulée par la vieillesse, l’obésité, l’insuline, l’exposition à certaines toxines (perturbateurs endocriniens) et aussi le stress. Pendant l’andropause, l’équilibre délicat entre la testostérone et l’oestrogène est souvent perturbé et les symptômes classiques d’une conversion trop élevée peuvent survenir comme la prise de poids abdominal et même le développement de seins chez l’homme. Des taux élevés d’oestrogène augmentent également la production de la Sex Hormone Binding Globulin (SHBG), ce qui a comme conséquence une diminution de testostérone libre. Cette conversion excessive de testostérone en oestrogène est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles une supplémentation en testostérone n’est pas une bonne idée car cet excès est directement converti en oestrogène. Une autre raison est liée au fait que les hormones sexuelles, comme beaucoup d’autres hormones, marchent par « negative feedback » c’est-à-dire que si la tour de contrôle, l’hypophyse, détecte par exemple une baisse d’un taux d’hormone, un signal est envoyé à l’organe pour augmenter la production d’hormone. Une fois la production augmentée, l’hypophyse diminue le signal d’alerte et ainsi de suite…
Une autre raison de la diminution de testostérone libre est due à la stimulation de l’enzyme 5 alpha réductase qui convertit la testostérone libre en dihydrotestostérone.
Des taux élevés de dihydrotestostérone peuvent entrainer des problèmes tels que l’hyperplasie bénigne de la prostate et la perte de cheveux chez l’homme. Certains facteurs stimulent l’activité de la 5 alpha réductase tels que les métaux lourds, le stress, la prolactine, un excès de calcium et le tryptophane.
Le stress continu :
Le cortisol qui est secrété par notre glande surrénale en cas de stress prolongé, est une hormone stéroïde liposoluble produit à base de cholestérol. Si nous sommes soumis à beaucoup de stress et si nous n’avons pas un apport adéquat en cholestérol, la plupart de ce dernier va être utilisé pour fabriquer le cortisol qui est plus essentiel à notre « survie » en cas de stress. Le stress continu augmente aussi la prolactine qui est de stimulateur de l’enzyme 5 alpha réductase et qui freine également les gonadotrophines ou FSH et le LH qui stimulent la production de testostérone.
Enfin, il faut aussi savoir qu’un problème thyroïdien peut aussi entrainer une baisse de testostérone libre.
Les solutions
Même si l’andropause et la diminution de testostérone sont un passage obligatoire de la même façon que la ménopause, il existe beaucoup de choses que l’on peut faire d’un point de vue nutritionnel et de son mode de vie pour ralentir, retarder et diminuer ses symptomes :
Contrôler son taux de sucre dans le sang :
une glycémie stable est un point clé pour l’équilibre hormonal puisque des niveaux élevés à la fois d’insuline et de cortisol empêchent un équilibre hormonal optimal et augmentent l’inflammation chronique dans le corps.
Visez une alimentation riche en légumes, fruits, protéines de qualité et graisses saines.
Certains micronutriments et phytonutriments sont particulièrement intéressants comme par exemple le zinc qui est indispensable à la santé des testicules et l’équilibre hormonal sexuel. Les légumes de la famille crucifères contiennent également une substance qui s’appelle le 3-carbinol-indole et son métabolite le diindolylmethane ou DIM qui active certaines enzymes dans notre corps qui métabolisent les œstrogènes et peuvent ainsi contrebalancer une sur aromatisation (c’est-à-dire une conversion excessive) de testostérone libre en oestrogène. Il existe également des inhibiteurs naturelles de l’enzyme 5-alpha-réductase tels que le zinc, le lycopène, le sélénium et le chou palmiste.
Consommer la graisse saturée en modération :
nos hormones sexuelles sont constituées de cholestérol et de protéines. Si vous ne mangez pas assez de bonnes graisses, votre corps sera incapable d’en produire. Raison pour laquelle les statines (médicament contre le cholestérol) font baisser les taux de testostérone.
Stimulation de la détoxification et éviter les xéno-oestrogène et l’alcool
Bien gérer son stress
Même si la résistance au stress est diminuée pendant cette période. La gestion du stress fait partie des points-clés au bon équilibre hormonal chez l’homme comme chez la femme. De plus, des taux élevés de cortisol peuvent entrainer une résistance à l’insuline.
Faites du sport et surtout de la musculation.
Certaines études démontrent que les hommes qui continuent à s’entrainer ont des niveaux plus élevés de testostérone, notamment les hommes qui pratiquent la musculation. L’exercice physique permet également de mieux gérer le stress, renforce la santé osseuse, diminue le risque d’obésité et aide à contrôler la glycémie.
Références :
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